Une unité ayant fière allure que cette compagnie de chars « Panther »… 
Malgré un véhicule manquant pour cause de réparations, la puissance  de feu de ces 9 engins restait, sur le papier, impressionnante. 
Le terrain escarpé des Vosges, la fragile mécanique des machines,  l’avancée rapide et insoupçonnée de l’adversaire, sont autant de raisons  possibles pour expliquer le cheminement en colonne, sur une route  principale, limite désinvolte du kampfgruppe "Von Lothar" de la 112ème  panzer brigade. 
Le flanc gauche allemand par contre, avec une autre route importante  et un couloir d’accès, véritable invitation aux déferlements mécaniques  adverses, était tenu avec des moyens dérisoires (1 P.A.K. et une  section de bleus) et donc négligé. 
L’expérience acquise après les combats de Normandie, avec les succès  de la forêt d’Ecouché et d’Alençon, la libération de Paris, et dans une  moindre mesure Vittel et Contrexéville, la compétition avec les unités  U.S., le désir d’en découdre avec un ennemi occupant le pays depuis 4  ans, il était presque évident que les français, avec ce sentiment  nouveau de supériorité, tenteraient le coup sur cette gauche allemande. 
Quand bien même aurait-elle été mieux défendue, les capacités  d’adaptation et d’initiative des officiers, l’allant des équipages de  Leclerc auraient sûrement fait la différence. 
La chance souriant aux audacieux, les M10 du Régiment Blindé des  Fusiliers Marins (R.B.F.M.), les Sherman du 12ème  Régiment de Chasseurs  d’Afrique (R.C.A.) et les half-tracks du Régiment de Marche du Tchad  (le R.M.T., la fierté du général Leclerc) ont donné en plein dans le  flanc allemand. 
Ecrasant d’un terrible crochet du droit les maigres défenses de  gauche, tout en protégeant leur propre aile gauche avec de l’infanterie  et des mortiers, chars et tanks destroyers ont détruit coup sur coup en  quelques minutes cinq précieux chars « Panther », en ne perdant que deux  M10. 
Les « panzers » rescapés en furent réduits à tenter d’échapper aux  coups en cherchant refuge dans le village de Ville sur Illon, ou sur les  lignes de crêtes alentour. 
Mal leur en prit, car à ce moment intervint l’aviation U.S., non jouée parce que la partie était de toute façon déjà perdue. 
On connaît cependant l’efficacité de quatre P47 « Thunderbolt » sur des chars ou des véhicules d’infanterie à découvert… 
Les infanteries des deux camps ont tenu le terrain, avec un avantage pour les français qui ont profité des couverts. 
Historiquement, on sait que les autres unités de la 112ème panzer brigade ont subi le même sort, perdant 65 de leurs 90 chars. 
Le chef de la 112ème panzer brigade dira qu’il a alors trouvé en  face de lui des adversaires avec un moral au dessus de la moyenne. 
Pour la petite histoire, un des « Panther » allemand, abandonné  intact ou rapidement réparé, a repris illico du service dans la 2ème  D.B. jusqu’à la fin de la guerre. 
Sous les couleurs françaises, il a été ensuite exposé jusqu’en 1976  sur le parvis des invalides à Paris, avant d’être envoyé au musée des  blindés de Saumur (j’ai pris des photos de l’engin à l’époque, sans en  connaître alors l’histoire singulière…). 
Peut être est-ce celui qui, repeint, est actuellement en état de  marche et qu’on a vu il y a trois ans à la fête de la locomotion à la  Ferté Alais ?!…
 
