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4 avr. 2013

Zénaga, Maroc : 1904 - fiction


Dernière dépêche

AU MAROC : LE GUET-APENS DE ZENAGA

L’AVANT-GARDE DE LA COLONNE FLAGEOLET AUX PRISES AVEC LES REBELLES D’OMAR ZAHARUN
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Le rapport officiel – Les péripéties du combat – Héroïsme de nos soldats – Un feu terrible
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Paris, Ministère de la guerre, le 25 janvier. Le rapport officiel sur le guet-apens de Zénaga est aujourd’hui connu. En voici les grandes lignes.

Le 15 janvier 1904 dans la matinée, après avoir franchi l'oued Guir et couvert deux jours de marche, l’avant-garde de la colonne Flageolet se présenta par le sud en vue du ksar de Zénaga.


Voici bien des mois que, de ce véritable repère de bandits et de pillards, sortent sans cesse des harkas de rebelles qui passent la frontière, arrêtent les convois, assassinent nos nationaux. On se souvient encore des graves incidents survenus sous les murs du fort El-Azeoudj qui coûtèrent la vie à dix-sept de nos valeureux héros. Et voilà des mois que, suivant la forte parole du général Flageolet, les troupes de la division d’Oran ont tout subi patiemment, restant l’arme au pied, sans mot dire.


Le gouvernement se devait de réagir par une vigoureuse opération militaire eu égard aux risques dénoncés par l'honorable M. Pignolle, gouverneur général d’Alger, faute de quoi, l’on pouvait craindre des complications redoutables.


Ainsi donc chargée de faire payer leurs méfaits aux pillards rameutés sous la bannière du faux prétendant Omar Zaharun, l’avant-garde se composait d’une compagnie du 2e régiment étranger soutenue par une compagnie de tirailleurs algériens et épaulée par une section de l’artillerie coloniale. Le gros de la colonne ainsi que le ravitaillement suivaient à une étape d'intervalle tandis que deux escadrons de cavalerie, partis la veille au soir à la poursuite de maraudeurs ennemis, devaient rallier Zénaga au plus vite.


A 9h.30 du matin, sans avoir reçu de nouvelles de la cavalerie, le capitaine de la Rochette de Rochegonde donna prestement l’ordre de prendre les armes et de se déployer pour passer immédiatement à l’assaut. En exécution de cet ordre, les deux sections de la compagnie algérienne se formèrent en tirailleurs de part et d’autre de la piste, précédant l’artillerie et les légionnaires alignés en bon ordre, baïonnette au canon.




La progression débuta sous un soleil déjà haut, lorsqu’à 9h.45 des coups de feu partent sur notre côté gauche, de la crête rocheuse dominant la passe.
Le rapport donne ensuite les détails du combat.

Le combat

Manœuvrant à découvert sous les tirs d’une soixantaine de rebelles sournoisement dissimulés entre les rochers, la 1ère section de tirailleurs vient rapidement se positionner pour faire front tandis que l'adjudant-chef Cruchot fait mettre séance tenante ses pièces en batterie.


La fusillade gagne en intensité alors qu’une cinquantaine de méharistes ennemis surgissent soudainement des dunes.  Leur feu vient redoubler celui de l’embuscade ennemie qui se concentre principalement sur l’artillerie. C’est alors que l'adjudant-chef Cruchot tombe mortellement blessé.


Prenant la mesure de la supériorité numérique des rebelles, le capitaine de la Rochette ordonne à la 1ère section de légionnaires de venir urgemment renforcer son flanc gauche. D’autant plus qu’à l’horizon, l’on aperçoit plusieurs dizaines de cavaliers bérabers arrivant en renfort.
Au pas de course, les légionnaires prennent position sur le flanc gauche des tirailleurs et de l’artillerie, venant compléter la ligne de feu qui foudroie l’ennemi de ses salves répétées.


Au même instant, sur le flanc droit, un fort parti d’au moins deux cents rebelles vient couronner le piton rocheux qui domine le versant opposé de la passe. Prises en étau, nos troupes sont contraintes de stopper l’attaque sur Zénaga pour se redéployer en deux groupes orientés de part et d’autre pour faire face à la menace.


Une splendide défense

De l’est et du nord, provenant sans aucun doute des oasis de Figuig et Bouarfa, d’autres renforts ennemis convergent vers l’enceinte du ksar.  A droite, un terrible grondement des sabots précède l’apparition d’une harka considérable lancée à plein galop.




Placé à la tête de sa 2e section parvenue à moins d’une centaine de mètres du ksar, le lieutenant Zborowsky rapporte avoir nettement reconnu la silhouette du prétendant Omar venu en personne haranguer ses troupes.



 A 10h.45, les escadrons des capitaines Blanc-Sec et Beaujolais, alertés par l’écho des combats, arrivent en vue du champ de bataille. Lancés à grand galop sur les arrières des rebelles, ils font fuir devant eux les cavaliers bérabers qui s'apprêtaient à renforcer la pression sur notre flanc gauche.



Profitant du flottement et de l’hésitation qui semblent s'emparer des rebelles, le capitaine de la Rochette ordonne que l’on dégage promptement les hauteurs du flanc gauche.


 Supportés par les feux nourris de nos 80mm de montagne, légionnaires et tirailleurs s’élancent de concert au pas de charge et culbutent l’ennemi qui fuit sans demander son reste.


Parvenus au sommet, les légionnaires de la 1ere section et les tirailleurs se reforment en bon ordre pour gagner la ligne de crête et prendre sous leur feu les rebelles qui s’étaient retranchés en nombre dans la palmeraie située en contrebas.




Sur le flanc droit, l’affaire se complique. Nos troupes à découvert sont soumises à un feu intense provenant des rebelles, de plus en plus nombreux, retranchés dans le ksar ou abrités au creux de l’oued qui borde la piste menant à Figuig. 


Insensiblement, les pertes s’accumulent et plusieurs sous-officiers sont déjà tombés.
Déjà, les tirailleurs amorcent un repli vers le versant gauche de la passe, en combinant habilement mouvement et feux d’arrêt afin de contenir fermement l’irrésistible progression de la masse ennemie.



Alors que l’escadron de chasseurs d’Afrique du capitaine Blanc-Sec vient promptement renforcer le flanc droit chancelant, les spahis du capitaine Beaujolais s’élancent à la poursuite des cavaliers bérabers qui tentent alors de s’abriter derrière la ligne de crête qui ouvre sur le versant opposé.




Espérant intercepter les fuyards, les spahis éperonnent leurs montures et s’engouffrent par une brèche se présentant opportunément…


… pour tomber nez à nez avec l’ennemi qui, croyant leurrer ses poursuivants, s’apprêtait  par la même occasion à revenir harceler nos positions par le revers.



Désarçonnés par la promptitude et la lucidité du capitaine Beaujolais, les rebelles pris à contre-pied sont sèchement rejetés en désordre vers le nord.


Un brave capitaine

Peu après 12h.30, sur le flanc droit, la situation devient préoccupante. Tirailleurs et légionnaires de la 2e section, rejoints par l’artillerie, cèdent peu à peu du terrain malgré un feu extrêmement nourri exécuté avec un sang-froid et une précision admirables qui inflige des pertes terribles aux rebelles.




L’ennemi toujours en surnombre est stimulé par la retraite amorcée. L’état des pertes parmi nos rangs  s’accentue inexorablement et les blessures du lieutenant Zborowsky ne lui permettent plus de diriger le feu ou un tant soit peu de donner des conseils. Le commandement de la section est pris par le sergent-fourrier Bückenmeyer qui fait exécuter des feux très modérés afin d’économiser les munitions.



Peu avant 13h.00, le capitaine de la Rochette de Rochegonde a rejoint les derniers hommes valides de la 2e section Zborowsky et les exhorte à une résistance farouche et désespérée. Les légionnaires, ayant utilisés leur dernière cartouche, s’apprêtent stoïquement à recevoir l’ennemi au corps à corps.


Alors que la terrible fantasia des cavaliers rebelles se rapproche pour venir au contact, l’escadron Blanc-Sec s’élance lui aussi à la charge, sabre au clair, pour venir se jeter sur le flanc des assaillants.



Une terrible mêlée s’engage au cours de laquelle nos braves se battent avec un acharnement au-delà de tout éloge. Terrassé par de multiples blessures, le capitaine de la Rochette trouve une mort héroïque à la tête de ses hommes.



Hélas ! Harassés par tant de kilomètres de marche, près de trois heures de combat, brûlés par le soleil, mourant de soif et les munitions épuisées, le signal de la retraite est alors donné. Dans un suprême effort, les derniers combattants parviennent à rallier la position occupée  par la 1ere section et les tirailleurs sur les hauteurs de la crête rocheuse.
L’ennemie essaie à plusieurs reprises un mouvement tournant vers l’ouest et le sud, mais les feux de la troupe restée sur la crête l'empêchent toujours de prendre position. La défense continue, acharnée, jusqu’à 17h.00, heure à laquelle les renforts accourus de la colonne principale contraignent l’ennemi à lâcher prise pour refluer à l’abri des murs d'enceinte.

Le bilan de cette triste journée, non encore communiqué officiellement, semble être lourd ; on évoque d’ores et déjà le chiffre d'une centaine hommes, dont plus de vingt officiers et sous-officiers. A l’état-major de la division d’Oran, c’est la consternation et l’on sait que le général Flageolet a déclaré qu’il n’en resterait pas là.