Les troupes prussiennes sont massées sur les hauteurs des collines qui surplombent la vallée fluviale de la Saale.  En contrebas, les troupes du Prince de Soubise se sont déployées,  préparant une offensive générale sur les positions de l'ennemi. La  désorganisation que l'on avait pu constater dans les rangs de  l'infanterie française lors de la première partie, est un vieux souvenir  que tous tentent d'éffacer de leur mémoire. Cette fois, le Français  veut en découdre, et en bon ordre de marche !  
Fifres et tambours raisonnent dans la vallée humide. Les Prussiens  voient la multitude des drapeaux régimentaires  s'aligner lentement,  mais dans un mouvement impeccable le long de la route pavée qui va de  Rossbach à Reichertswerben, village en ruine, où les corps francs de  Louis XV sont tombés dans la matinée sur les Frei Huzards  du  Grand Frédéric. Les Anspessades (sergents-major) de la pointe de leur  hallebarde maintiennent l'allignement de leurs compagnies, injuriant  sans ménagement les pauvres bougres qui marchent à pas forcés depuis des  heures pour tenter ce contournement de l'armée prussienne. Soubise a  tenté-là le modèle audacieux de son adversaire. Mais le génie et la  manoeuvrabilité n'étant pas les qualités majeures de l'armée française,  la ruse n'a pas prise.  
Le destin n'a pas voulu d'une débacle prussienne aujourd'hui. Que  celà ne tienne ! L'attaque sera frontale. Bien que les troupes de  Frédéric soient installées sur le plateau et qu'il va falloir les en  déloger, l'ardeur française ne manquera pas. Et pas un homme ne semble  flancher face à la difficulté de la tache. Les renseignements fournis  par les espions donnent d'ailleurs espoir au haut commandement français.  Leurs troupes sont deux fois plus nombreuses. Les attaques vont ètre  sanglantes, mais le Prussien tombera de son perchoir.  
Sur l'aile droite de la bataille, la cavalerie lourde française au  moral sans faille, se lance dans une charge effrénée vers la ligne de  crète, étrangement dégarnie de troupes prussiennes. En effet, seuls deux  bataillons du 1er régiment de mousquetaires sont visibles. Mais c'est  un feu nourri qu'ils reçoivent de plein fouet à courte portée. On entend  les balles se fraquasser sur leurs légers plastrons. A leur gauche, les  cavaliers français ont à peine le temps d'apperçevoir une batterie  lourde qui réaxe ses canons pour effectuer un tir d'opportunité. Le  régiment Prince Bourbon flanche et doit replier en déroute. Mais les  autres régiments lancés dans cette charge, tiennent au moral et  parviennnent sur le 1er régiment. Une mélée débute en haut de cette  colline; alors que les cuirassiers du roi et les Grenadiers à cheval  parviennent eux aussi sur les hauteurs qu'ils avaient pris comme  objectif physique. Mais au débouché, ils se retrouvent face à toute la  cavalerie lourde prussienne à l'arrèt qui reçoit sans flancher l'attaque  impétueuse. C'est une autre mélée qui s'engage. 
Pendant ce temps-là, au centre de la bataille, le village de  Lundstedt est étrangement délaissé par les Français qui préfèrent le  contourner sans l'occuper, et déployer en ligne de bataille la brigade  Auvergne (forte de 6 bataillons), pour partir à l'assaut du plateau.  Etrange tactique semble t'il, d'autant que les volontaires  Clermont-Prince prennent appui sur un espace rocailleux en arrière du  village. Ce déploiement d'ailleurs aurait pu se transformer en désastre  car les bataillons en colonne déborde dan,gereusement sur l'axe  d'attaque de la cavalerie qui a tout moment peut se replier, et risque  d'interpénétrer une partie des bataillons. La brigade Diesbach (7  bataillons) quant à elle, avance doucement derrière l'attaque de la  cavalerie. 
A gauche, autour de Rossbacht, les Brigades Picardie et Champagne  traversent le ruisseau qui longe la voie pavée. Ce sont 16 bataillons  qui débouchent ainsi au pied du plateau, là-encore prèts à gravir  l'imposant talus. En face, il va falloir déloger deux brigades  prussiennes . Mais elles ne totalisent que 11 bataillons. Léger  désavantage numérique qui peut être pallié par les hauteurs tenues. Mais  l'audace n'est pas ce jour-là, le monopole de la France. Les bataillons  prussiens, appuyés de deux batteries lourdes, descendent avec flegme et  assurance vers les lignes françaises désorganisées par le passage du  cours d'eau. Très vite, les premiers feux nourris débutent le long des  deux lignes qui se font face à moins de 200 mètres.  
Les combats sont donc rudes. Un bataillon prussien a flanché et  s'est replié, mais c'est le seul. Du coté français, certes la charge de  cavalerie n'a pas abouti; et c'est au tour du Prussien de lancer ses  cavaliers à l'attaque des lignes françaises, mais rien n'est joué ! La  partie s'achève donc sans que d'un coté ou de l'autre, une victoire  nette soit décelable. La bataille se poursuit. Il est vrai que les  Prussiens avec deux fois moins de troupes tiennent malgré tout, et  portent même l'audace dans l'attaque. La réputation des hommes de  Frédéric n'est plus à faire. Mais les Français ne déméritent pas non  plus, et tiennent vaillamment leurs positions.  Tout va se jouer sur le  moral des lignes de bataille dont les pertes commencent à s'élever.   Malin qui pourrait deviner le devenir des combats.  
En tout cas, la victoire tactique reste indéniablement prussienne,  au regard des points de victoire (pertes + objectifs pris): 45 points  pour l'armée prussienne contre 10 points pour l'armée française.             
 
 
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire