En cette année 1745, tout porte à croire dans la réussite des armées de Louis XV.
Aussi, le futur Maréchal de Saxe débute cette campagne
militaire, avec toute la confiance du roi, et se voit confier le commandement
du meilleur des troupes du moment. Son objectif : la ville flamande de Tournai,
la plus à même d’être investie et prise avant d’avoir à affronter une armée
alliée de secours.
C’est sans compter sur la dextérité de l’Armée Pragmatique,
construite autour d’une coalition des troupes des Provinces Unies, Anglaise,
Hanovrienne et Autrichienne. Et bien que la région soit essentiellement
constituée de grandes plaines fertiles et agricoles, quelques promontoires
naturels permettent de voir les grandes manœuvres ennemies, et d’attendre avec
l’avantage des hauteurs. Ce que les Alliés vont savoir exploiter.
C’est donc dans le cadre d’une partie de type Attaque /
Défense (classique !), que les joueurs vont devoir s’affronter. Le terrain
constitué de collines, étant tenu par les Alliés, c’est donc aux « mangeurs de
grenouilles » d’avoir l’insigne honneur d’attaquer.
Colline n°1 |
Colline n°2 |
Le général en chef français, digne élève à l'école des
"petites guerres" apprises auprès du comte de Saxe , organise ses
troupes dans un déploiement peu orthodoxe pour l’époque, mais qui par son
audace peut se révéler génial, à la condition que les officiers-commandants
suivent à la lettre les ordres reçus. La chance - ou malchance - aux dés
d’ordres, pouvant également venir pimenter une affaire rondement menée.
Le choix est fait de concentrer les troupes sur le flanc
gauche, dans une sorte de colonne de « division », constituée de différentes
colonnes de marche, appuyée sur leur gauche et leur droite de deux petits corps
de cavalerie qui ont été scindés avant la bataille. Elle couvre ainsi plus de
terrain, mais est par conséquent moins puissante à l’impact …
L’acte est audacieux; et l’idée est de forcer le passage sur
la colline ennemie la moins protégée par l’artillerie, en envoyant une brigade
de troupes légères à l’attaque du chemin creux qui coupe la ligne de bataille
Alliée. Si tout se déroule comme prévu; pendant que les bataillons d’infanterie
en ligne s’attaqueraient aux tuniques écarlates, les troupes légères
harcèleraient l’arrière ennemi, ou tout au moins rendraient leur redéploiement
plus aléatoire, en faisant le coup de feu.
Mais voilà ! Malheureusement, trop de jeunes commandants de
brigade, peu enclins à l’art de la guerre du XVIIIème siècle, obtiennent la
charge d’officier car « papa » leur a acheté un régiment. Très vite, ils se retrouvent ainsi à la
tête de plusieurs bataillons. Et lancés bien vite dans une campagne audacieuse,
ils n’ont pas la dextérité suffisante pour réagir face une situation inattendue.
Ici, tout un corps de cavalerie de Ligne britannique, déployée sur le flanc de
l’armée française, et prête à charger à la caracole en faisant le coup de feu.
Leur espoir est de renverser les bataillons français en
ligne, avançant les uns derrières les autres. L’espace disponible pour se redéployer
face à la menace anglaise est trop réduit, et des mauvais dés d’ordres, font
vite regretter l’avance classique en « colonne de brigade » au joueur français
(plus simple à redéployer en ligne, sur la gauche).
Le pire arrive avec la cavalerie française - certes venant
protéger le flanc des lignes d’infanterie - mais insuffisamment puissante
devant le nombre, le feu des mousquetons et l’impact (relatif) des cavaliers
anglais. Le coup de butoir est ainsi inévitable, alors que les troupes en
avant, n’ont pas encore eu le temps d’atteindre les collines ennemies, ni le
chemin creux. La partie est dés-lors perdue.
Cela ne fait que trois tours que la partie a débuté. C’est
une répétition de la débâcle de Dettingen de 1743 (les Gardes françaises y
avait reçu le doux sobriquet de « Canards du Main » sous la plume de Voltaire).
Mais l’honneur interdit de baisser l’échine, et fort de sa
gloire passée, le général français décide de poursuivre en avant. Et pendant un
temps, alors que son arrière vole en éclat, on peut croire au miracle, au génie
d’un officier supérieur qui ne tremble pas devant l’inévitable : une déculotté
!
Les troupes légères font merveilles, s’infiltrant sur
l’arrière ennemi, qui a du mal à croire ce qu’il voit : des hussards et autres
escarmoucheurs (tirailleurs) fourrageant sans cesse, et obligeant les
Autrichiens à se redéployer.
D’autant que les Alliés avaient utilisé toute leur brigade
hanovrienne sur la droite de l’ennemi. Troupes employées à tenir le petit
village de Melle, et dés-lors inutiles dans la bataille. Le redéploiement va
prendre du temps, et devrait laisser là aussi une petite opportunité
d’exploitation du terrain pour les Français.
Galvanisés, certains bataillons suisses s’attaquent même aux
Autrichiens, qui eux attendent de pieds fermes sur la colline n°1 (mais
également attaqués par le chemin creux par les légers français). Mais il est
dommage que ce ne soit pas toute la brigade (en deux lignes de batailles) qui
ait été envoyée ici en avant de l’ennemi. C’est frustrant !
Mais au cinquième tour, une dernière erreur française tient
dans cette obstination d’envoyer toutes les troupes de Ligne, alors en colonne
de marche, dans le goulet que constitue le chemin creux.
Et d’un léger avantage qu’il venait de prendre sur l’ennemi
anglais, le Français tombe vite dans un véritable massacre organisé.
Pris dans des feux croisés, les Français flanchent
rapidement. Il aurait été préférable de déployer ces 8 bataillons devant la
colline de gauche (colline n°2), et la gravir en effectuant des feux de salves
sur l’Anglais. Il y aurait peut-être eu là, une opportunité de prendre une
position ennemie.
Mais sans réserve possible (celle-ci ayant été balayée par
la cavalerie britannique), il semble de toute façon peu probable que le
désastre pu être stoppé.
Pour le général en chef français, la bataille était déjà
perdue !
Bilan
A la réflexion, je n’aurais sans doute pas dû permettre aux
Anglais de se déployer directement sur cette petite colline avancée (colline
n°3), sur la gauche de l’armée française. Même si les troupes françaises
avaient été mises au courant de cette menace avant la bataille … Les évènements
en auraient été sans doute différents.
En même temps, le Français avait encore 10 à 12 bataillons
de Ligne qu’il aurait pu envoyer, en partie sur la colline n°2 (6 bataillons),
et permettre à Jules d’envoyer sa brigade suisse au complet (6 bataillons) sur
les deux bataillons autrichiens sur la gauche de la redoute (colline n°1). Tout
en poursuivant le harcèlement sur l’arrière ennemi (par le chemin creux), avec
ses légers qui se sont révélés excellents !
J’ai également testé le lendemain, une attaque de la brigade
de cavalerie anglaise sur la brigade d’infanterie française - si celle-ci
s’était organisée pour permettre le déploiement en une ligne de bataille sur la gauche -. Et sur 4
essais effectués, elle n’est pas passée 3 fois sur 4 :
- Au premier essai, elle a échoué au test moral (la
cavalerie n’aime pas charger de l’infanterie réglée à l’époque des Lumières …)
- Au deuxième essai, elle a réussi à atteindre la ligne
ennemie après avoir subi le feu de salve ennemi (nouveau test moral), a pu
tirer en caracole, mais a perdu à la mêlée, et s’est repliée vers son point de
départ.
- Au troisième essai, elle a atteint la ligne ennemie, et a
gagné la mêlée au deuxième tour grâce aux renforts arrière.
- Au quatrième essai, elle n’a pas réussi au test moral lors
du feu de salve de l’infanterie, et s’est repliée.
Ce qui montre clairement que les charges de cavalerie sur de l'infanterie réglée en ligne de bataille, à l'époque des Guerres en dentelles, restent aléatoires.
Ce qui montre clairement que les charges de cavalerie sur de l'infanterie réglée en ligne de bataille, à l'époque des Guerres en dentelles, restent aléatoires.
Encore une fois un bien bel article, la plume est toujours légère et instruite, j'aime beaucoup...une autre fois pour les mangeurs de grenouilles, une autre fois...
RépondreSupprimerMerci pour les compliments. Oui les troupes du Roi feront mieux. On apprend toujours de ses erreurs :) !
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