Acte 1 : la "boulette" (matinée du 10 août)
Après leur coup de poker contre les ports de la côte est, Hipper et Ingenhol forcent l’allure vers la sécurité des eaux de la baie allemande. En cette matinée du 10 août, quatre incertitudes les taraudent néanmoins :
-ils savent que, à proximité, deux puissantes escadres anglaises sont lancées à leurs trousses. Le fait est confirmé par un message du zeppelin L3 qui, profitant d’une levée partielle de la brume, repère la formation britannique à 75 nautiques plus au nord filant plein est. Afin de contrer la menace, les deux formations allemandes se regroupent et optent pour une route plus au sud.
-Ce faisant, ce crochet le long de la côte de la Frise risque de poser un problème de carburant. Dans le cas (improbable) ou une autre formation anglaise viendrait à les contacter, leurs maigres réserves de charbon ne leur permettraient pas de passer en vitesse de combat.
-Autre incertitude : les sous-marins anglais qui risquent de patrouiller aux abords de la baie…
-Puis, une fois rentrée au port, la Flotte de haute mer devra "charbonner" avant d’être de nouveau opérationnelle. Avec Jellicoe dans leur sillage et le gros de la flotte immobilisée, rien n’empêcherait les brits de leur rendre la monnaie de leur pièce en bombardant à leur tours la côte allemande.
Afin de parer à cette éventualité, l’amirauté allemande décide d’étendre le rayon d’action des patrouilles côtières et d’envoyer les quelques U-boots encore disponibles pour au moins disposer d’un écran de surveillance qui permettrait de localiser la menace et de se donner le temps de la contrer.
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Côté anglais, on est bien échaudé par le camouflet infligé dès l’ouverture des hostilités. A Londres, dans les ports de la côte, l’opinion publique est chaude-bouillante et la presse réclame que soit lavé cet affront par une action punitive à la hauteur de l’outrage subi.
Plus grave encore sont les pertes infligées par les U-Boots sur les lignes de commerce. La possibilité d’une fermeture provisoire de la route Ecosse/Norvège est un temps évoquée puis repoussée. Il est finalement décidé de renforcer la surveillance des liaisons maritimes par un nombre accru de patrouilles de destroyers. Lorsque le 10 au matin, le Steamer Osprey est arraisonné et coulé par le U9 au large de Sunderland, les brits décident de faire prendre la mer au deux flottilles de destroyers (40 unités modernes !) de la Harwich Force pour ratisser la côte du sud au nord.
Plus au large, se sachant repéré et sans nouvelles de la flotte allemande, Jellicoe décide de faire demi-tour et rentrer au port (lui aussi doit penser à refaire le plein de carburant de ses unités légères).
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Une minuscule erreur (en fait l’interversion de deux caractères dans la transcription codée de l’indicatif du destinataire) s’est inopinément glissée dans la transmission d’un contre-ordre à destination du U11.
C’est ainsi qu’en fin de matinée, le Nymphe (croiseur léger classe Gazelle, lancé en 1898 et navire leader de la flottille de protection côtière de l’Elbe), reçoit l’ordre de faire immédiatement route cap à l’ouest pour gagner sa nouvelle zone de patrouille dans les Hoofden, à moins de 100 nautiques de la côte anglaise !
SMS NYMPHE |
"Promus" officier en charge de la patrouille de l’Elbe (un CL et 9 vieux torpilleurs déclassés surveillant le trafic de cabotage entre le port de Hambourg et le débouché du canal de Kiel) après avoir fait échouer sa corvette sur un banc de sable avant la guerre, Alvrecht pensait mener une guerre pépère, mais cette mission inattendue pouvait être l’unique occasion de remettre sa carrière en scelle, une chance inespérée !
Acte 2 : mortelle randonnée (soirée du 10 août, matinée du 11)
SITUATION GENERALE (JOURNEE DU 10 AOUT ET MATINEE DU 11) |
Côté anglais, les flottilles d’Harwich entament leur mission de chasse aux U-boots le long de la côte sud de l’Angleterre. Burney et sa Channel Fleet sont toujours à poste pour fermer la Manche. Malgré un léger mieux, le temps est toujours brumeux.
La situation reste inchangée au matin du 11 lorsque les sous-marins anglais D3 et D8 signalent tous les deux la présence d’une demi-flottille de torpilleurs allemands s’engageant dans les Broad Fourteens.
Le message est relayé par le croiseur léger anglais HMS Active et arrive pour traitement au centre opérationnel de l’Amirauté anglaise. Nul doute qu’il s’agit encore d’un coup vicieux des Huns. Déjà chauffés à blanc, les Brits deviennent plus que nerveux quand l’ennemi tente de pénétrer leur chasse gardée de la Manche. Avides de renseignement, et se doutant que la formation repérée pourrait être l’écran d’un nouveau raid de la Kaiserliche Marine, on décide d’en avoir le cœur net.
- La Channel Fleet infléchi sa route au nord prête à intervenir
- Les deux flottilles de la Harwich Force sont rappelées d’urgence vers le sud.
- 4 hydravions décollent de Felixstowe pour survoler la zone.
- La 4e division de la Humber Patrol prend la route de l’est pour localiser l’intrus.
En milieu d’après midi, les hydravions confirment la présence des torpilleurs mais n’ont pas réussi à localiser le "gros" du raid ennemi. Idem pour les sous-marins en patrouille.
A 16 heures, les 5 vieux torpilleurs de la Humber Patrol distinguent à l’est des colonnes de fumée…des unités légères. L’information est aussitôt relayée.
Acte 3 : …aller simple pour le Walhalla (soirée du 11)
A bord du Nymphe, on a aussi repéré les silhouettes des destroyers anglais. Rassuré d’être tombé sur une cible "digérable", Alvrecht fait sonner le branle-bas et ordonne de forcer l’allure.
Sur la passerelle du destroyer Angler, l’officier britannique voit peu à peu se préciser la menace : 5 torpilleurs d’une classe équivalente aux siens, passe encore, mais les pièces de 105mm du croiseur léger ennemi ont une allonge de 8 kilomètres alors que ses propres tubes de 76mm ne peuvent tirer péniblement qu’a 5 kilomètres. Sa seule chance de survie est d’amener l’ennemi en direction du nord-ouest par où doivent déboucher les flottilles d’Harwich. Par chance, ses navires peuvent filer à 30 nœuds contre les 26 nœuds des coques allemandes.
Par conséquent, il ordonne à la formation d’abattre au nord-ouest et de pousser la vitesse à son maximum.
Lancés à 26 nœuds, la tête de la formation allemande (les S96 et S97) arrive bientôt à portée de tir. L’ouverture du feu est anglaise, mais dans la précipitation, les salves tombent trop courtes. Celles des allemands (dont les équipages sont mieux entraînés et jouissent d’un "silhouettage" parfait –l’ennemi présente son flanc) tombent encadrantes.
A la deuxième salve, un obus de 88 tiré du S97 vient matraquer le Cygnet qui reste désemparé.
Profitant d’une configuration avantageuse et d’une vitesse supérieure, les anglais réussissent à "barrer le T" et coiffer la tête allemande. Concentrant leur feux sur les deux torpilleurs de tête, ils parviennent à mettre le S97 hors de combat tandis que le S96, se trouvant isolé, préfère rallier le reste de la formation qui peine à rattraper la cadence des brits.
De part et d’autres, on lance ses torpilles espérant une touche bien hasardeuse mais surtout pour se donner un peu d’air.
Après une heure de combat, les deux formations légères s’apprêtent à remettre ça. Arrivé à 7 kilomètres du premier destroyer ennemi le Nymphe se prépare à ouvrir le feu apportant le soutien de ses 5 pièces de 105mm de la bordée bâbord.
C’est à ce moment précis que les deux flottilles de la Harwich Force, commandées par le commodore Tyrwhitt, font leur entrée en scène.
Lancés à plus de 32 nœuds, supérieurement armés de pièces de 105mm, les tout récents destroyers (1913) de la Royal Navy se ruent avec gourmandise sur leurs proies.
De chasseurs, les allemands deviennent chassés…
Leur seul espoir est de rester hors de portée de l’essaim…et tenir la distance jusqu’au couché du soleil pour espérer filer à l’anglaise.
Mais peine perdue. Pour sauver ce qui peut l’être encore, le Nymphe fait demi-tour et décide d’affronter seul la marée brit pour laisser un répit supplémentaire aux torpilleurs.
Rapidement encerclé et matraqué de toute part, le croiseur léger allemand fait feu de toutes ses pièces, lançant toutes ses torpilles.
Mais la lutte est inégale….
De leur côté, les torpilleurs allemands tentent eux aussi un dernier baroud d’honneur….
Avant de couler, le croiseur léger parvient à désemparer le Destroyer Forester.
L'agonie du Nymphe vue par la presse allemande |
SITUATION GENERALE (SOIREE DU 11 AOUT) |
Résultat des courses :
Royal Navy
5 torpilleurs coulés (S93-S94-S95-S96-S97) : 5x3=15 points victoire
1 croiseur léger (SMS Nymphe) = 5 points victoire
1 U-boot coulé (U17) : = 4 points victoire
TOTAL : 8+24= 32 points victoire
Kaiserliche Marine
Tableau de chasse du U9 : Osprey (Steamer anglais de 310 tonneaux), cargaison de sel = 2 points victoire.
Destroyer Cygnet coulé = 1 point victoire
Destroyer Forester désemparé = 2 points victoire
TOTAL : 53+5 = 58 points
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