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4 juil. 2009

"Furia francese", février 1761.

Hiver 1761, le 13 février.

L’Etat-major du duc de Brunswick - chef de la coalition anglo-allemande - reçut l’ordre d’entrer en campagne militaire, et de rejeter les troupes françaises au-delà du Main. Dans l’optique de préparer au mieux les grandes offensives du printemps, l’opération consistait dés lors à assiéger les places-fortes, de Cassel à Fulda (à l’ouest de la Wesser) ; et de mener des opérations coordonnées sur les divers campements d’hiver de l’armée française. Or, cette manœuvre avait été déjouée ; et le maréchal de Broglie - général en chef de l’armée du Main – donna l’ordre de repli général sur Francfort. Tout en maintenant sur place les garnisons des diverses citadelles se trouvant entre lui et l’armée ennemie.


La bataille s’ouvrait sur ces faits, aux portes de la ville de Fritzlar. Quatre brigades françaises dispersées, faisaient face à six brigades alliées concentrées.


Voici le compte-rendu rédigé par le maréchal de Broglie au roi Louis XV.

" Le 15 février 1761 à Francfort sur Main.

Votre Majesté,

En ce jour du 13 février de l’année de grâce 1761, l’ordre fut donné de débuter les mouvements de repli à l’ouest du fleuve Wesser. Nos troupes ont montré dans cette opération, toute l’abnégation et la bravoure qui sied tant à l’esprit français. On m’a relaté notamment la parfaite coordination et la discipline de fer de nos unités cantonnées dans la région de Fritzlar, le long de la rivière de la Schwahn. J’en appelle à votre majesté pour faire inscrire ces exploits avérés, aux armoiries familiales de messieurs les officiers du roi.
Issus de la plus belle noblesse, ces hommes se sont montrés admirables. Les susnommés, le marquis de Munchahausen (Steph) propriétaire du Royal Bavière, le duc de Mathevon (Cyril) issu de la branche familiale de madame la Reine, le baron de Mattrat (JC), et le comte de Debreuil (Franck). Tous de jeunes officiers de brigade, promis au plus bel avenir militaire.


L’attaque ennemie a débuté à 10h00, alors que les lueurs du jour étaient à peine visibles. Le temps était au calme, mais le tapis neigeux risquait d’avoir des conséquences sur le mouvement des troupes, amies comme ennemies. Des campements, on apercevait au loin les colonnes ennemies se déployant par les routes, et plus étonnant dans les champs enneigés [mouvement divisé par deux].Ce qui laissait à nos troupes une opportunité supplémentaire de replier vers Francfort.


Au centre du dispositif, le petit hameau de Gudensberg devait servir de verrou, ou tout au moins dissuader suffisamment longtemps les régiments ennemis dans leur avance. Cette tache difficile, fut confiée au 1er bataillon des Gardes de Lorraine, appuyé par une batterie moyenne le long de la chaussée. Cette idée audacieuse dépassa toutes nos attentes. Les Lorrains parvinrent à déstabiliser par leur seule présence toute une division ennemie; qui se révéla plus tard être l’épine dorsale alliée. En effet, celle-ci n’était composée que de la fine fleur de l’armée britannique. 1heure à 1 heure 30, furent ainsi gagnées sur l’ensemble de la journée. La victoire tint d’ailleurs en grande partie à ces atermoiements de l’ennemi, qu’il faudra savoir exploiter à l’avenir. Malheureusement, il fallut compter dans nos pertes de la journée, la capture de ce bataillon qui gagna les lauriers d’une gloire immortelle. Ce sacrifice ne fut pas vain.


Plus tard dans la journée, le vieux régiment Picardie de la brigade de monsieur de Mathevon, captura lors d’une mêlée superbe, avec le 15ème Dragoons, le général Dury, commandant de la brigade de la Garde. C’est un prisonnier de prestige que votre majesté pourra monnayer avec avantage auprès de nos ennemis. Celui-ci nous révéla d’ailleurs l’attitude nerveuse et inquiète de son officier supérieur, sir Mickael Horse qui, pris de panique, n’attaqua pas le village de Gudensberg. Cette division fut malgré tout d’une opiniâtreté tenace sur le champ de bataille ; et nous devons reconnaître qu’elle aurait pu menacer encore davantage notre centre très faiblement doté. Il fallut d’ailleurs ordonner l’envoi de la brigade Champagne, aux ordres de monsieur le comte de Debreuil, pour renforcer la ligne de défense. Ceci, au risque de se retrouver isolé au-delà du pont, et de perdre toute possibilité de retraite. Nouvel acte d’audace qui se révéla crucial dans cette bataille.


De leur côté, les trois divisions ennemies dont les officiers supérieurs nous ont été révélés par le subalterne de sir Michael Horse (Michel) [dont le baron hanovrien Nikolaï Von Brimbeufdorf (Nico) et le marquis Von Spontz (Michael)] à la tête des régiments prussiens, ont eu le plus grand mal à progresser hors des routes. Nos hommes avaient judicieusement aménagé une redoute soutenue par deux bataillons des Grenadiers de France ; ceci au croisement des trois routes en avant du pont de Fritzlar. Les Prussiens craignant cet axe, préférèrent pivoter de la meilleure manière à travers champs, en direction du pont. Menace réelle sur nos arrières, d’autant que cette colonne était précédé d’un régiment de hussards prêt à fondre sur nos charrois d’approvisionnement. Plusieurs combats féroces ont eu lieu le long de la chaussée. Les farouches Hanovriens de Von Brimbeudorf tentaient de forcer le passage. Les duels de mousquets et d’artillerie se firent entendre sur tout le champ de bataille. Les nerfs de nos hommes et de l’ennemi se sont trouvés durement éprouver. Or, il ne semblait pas que l’un ou l’autre ne lâchent du terrain. Et au vu des convois de blessés qui nous parviennent encore à cette heure des zones de combats, l’ennemi a payé chèrement son opiniâtreté.


La situation devenait néanmoins préoccupante après 4 heures de combat. Vers 14 heures, la pression prussienne se fit plus proche ; alors qu’un certain engorgement commençait à apparaître dans le secteur du pont. Si rien n’était fait, nous risquions une attaque sur notre flanc droit, et une possible perte de la seule voie de repli possible pour notre artillerie et ravitaillement. Les Prussiens, parfaitement au fait de cette opportunité, redoublèrent d’effort dans leur marche effrénée. Alors qu’en avant de la colonne, les hussards tentaient à nouveau de forcer nos lignes. On ne peut nier la qualité de ces hommes qui se sont révéler d’un courage peu commun, attaquant nos lignes d’infanterie sans faillir. Mais ce même courage dont nos hommes étaient pareillement empreints, permis de ne céder aucune toise de terrain. [En réalité, la ligne dut reculer à deux reprises en direction du pont … Mais, malheureusement pour les alliés, seulement au 12ème et dernier tour de jeu]


Alors que cette affaire se prolongeait sur nos arrières jusqu’aux premières obscurités, les combats en avant de Fritzlar se poursuivirent. Notre cavalerie légère, constituée uniquement du régiment de hussards de Becherny [2 escadrons présents], fit merveille, déroutant ou effrayant plusieurs unités ennemies, sans pour autant perdre plus que de raison, par des risques inutiles. Il serait pourtant convenable que nos hommes cessent cette tradition répugnante et encore trop répandue qui consiste à accrocher à leur monture, les têtes de vaincus comme trophées de chasse [véridique]. J’ai d’ailleurs réclamé à plusieurs reprises des sanctions sévères à ce sujet. Mais le moindre que l’on puisse dire est qu‘il règne sur la question une intolérable tolérance, voire un encouragement non dissimulé de cet acte, chez nos officiers de cavalerie. Quant à la brigade du baron de Mattrat, elle replia par la chaussée de Fritzlar. Les bataillons suisses, impeccablement alignés, avaient connu quelques difficultés face aux Hanovriens du baron Von Brimbeufdorf ; mais n’avaient jamais cédé sous la pression de l’ennemi. Le courage coûta plus de 300 pertes au sein de la brigade.


Les dernières lueurs du jour permirent à plusieurs bataillons de tenter la traversée de la Schwahn gelée. La destinée voulut que plusieurs malheureux fussent précipités dans ces eaux meurtrières, du fait de la pression exercée sur la glace. On dénombra plus de 150 noyés. Un Te deum fut donné le soir même par monseigneur de Ringalle, pour la paix de leur âme.


C’est donc à une victoire sans discussion que j’eu le plaisir d’assister. Le repli a été poursuivi dans la journée suivante ; et c’est à une force conséquente que j’ai aujourd’hui l’éminent honneur d’exercer mon commandement. Les citadelles de Cassel et de Ziegenhaim sont toujours nôtres ; et les préparatifs pour notre grande offensive du printemps, sont en bonne voie d’être achevés.


Que mon Roi soit le témoin de ma totale dévotion dans ma tache.
Gloire à Dieu et à votre Majesté.

Maréchal de Broglie, général en chef de l’armée du main."


Bilan:
Victoire tactique française sur les Anglo-Allemands.

Français:

- charois sauvés: 3 X 5 = 15 points
- général ennemi capturé: 5 points (tué, il en aurait rapporté 10 ...)
- pont conservé: 5 points
- pertes faites sur l'ennemi: 26 pertes = 10 points
Total: 35 points victoire

Anglo-Hanovriens:

- régiment isolé, considéré comme capturé (le drapeau pris ): 5 points
- pertes faites sur l'ennemi: 25 pertes = 10 points
Total: 15 points victoire

Cette victoire française, et cette avance non négligeable en points seront fortement nécessaires pour les troupes de Louis XV pour qui la bataille suivante ne sera pas une sénicure :lol:

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