Le Don et la Volga ne sont plus que des souvenirs.
Durant l’été, les trois grandes batailles de Koursk, Orel et Bielgorod (rappelons nous la série de 3 parties) ont marqué un point d’arrêt définitif aux initiatives allemandes sur le front de l’Est.
Les contre offensives soviétiques ont ramené les restes des armées allemandes des heeresgruppe » « sud » et « mitte » sur les bords du Dniepr.
Le repli et le passage du fleuve de la plupart des unités décimées de la Wehrmacht s’est effectué de main de maître sous le commandement du maréchal Von Manstein, en ne laissant que des ruines derrière elles.
Ce dernier espère y établir une nouvelle ligne de défense: "le mur de l'est".
Mais, situation courante à partir de 1943, les effectifs sont tombés au plus bas et le ravitaillement est déficient.
De plus, les soldats allemands ont en mémoire les innombrables tombes de leurs camarades creusées dans le "tchernazium", alors que les « frontoviki », de mieux en mieux équipés et entraînés, commencent à être sûrs de leur victoire, et crient "vengeance"!...
La situation était compliquée pour les deux camps.
L’Allemand, faussement à l’abri derrière le Dniepr, était dans la délicate position de « qui veut tout défendre ne défend rien du tout », dans la mesure où les effectifs manquent pour tenir la ligne de front ainsi que les réserves locales pour contre-attaquer à l’échelle du bataillon.
Quant aux Soviétiques, dans leur volonté de ne pas laisser à l’adversaire le temps de consolider, même sommairement, ses lignes de défense, ils se devaient de tenter une rapide traversée.
L’équivalent de deux compagnies fut bien envoyé de l’autre côté, mais le manque de moyens de franchissement ainsi que la lenteur de l’arrivée des renforts ne permit aucune exploitation immédiate.
La situation s’établit ainsi entre les deux forces se neutralisant mutuellement : d’un côté la défense devant contenir la tête de pont ennemie et si possible la résorber, et de l’autre l’attaque, ayant pour mission au mieux, de consolider et développer les acquis pour créer par la suite la base de départ d’une vaste offensive, au pire de fixer des forces adverses sur ce secteur pendant que la décision se ferait ailleurs, à partir d’une autre tête de pont.
Une tentative dans ce sens fut donc faite par les rouges pour agrandir le périmètre conquis, mais, pêchant par abus de confiance ou par une mauvaise connaissance des forces adverses, cette attaque ne bénéficia pas du soutien nécessaire et échoua.
La présence de bandes de partisans à proximité des défenses allemandes aurait pu leur être d’une aide précieuse, mais leurs attaques mal coordonnées se heurtèrent à des « landser », certes diminués, mais aux abois.
Le résultat de leurs attaques ne fut cependant pas totalement vain.
Le commandement allemand, conscient du danger représenté par les partisans, dut, ici comme ailleurs pour tenter de sécuriser ses arrières et patrouiller le long du fleuve, soustraire des effectifs supplémentaires des premières lignes.
Autant d’hommes qui n’iraient pas inquiéter les têtes de pont russes, avec des renforts se limitant déjà à deux sections et deux petits canons antichars.
Nul ne sait quel fut le coût du repli sur le Dniepr, mais nul doute que des milliers de soldats du Reich de toutes armes, blessés, perdus, abandonnés et sacrifiés pour permettre d’en sauver un plus grand nombre encore, ont fini d’une mort lente dans les camps sibériens.
On sait par contre que quelques groupes d’entre eux, résolus, sous le commandement de chefs décidés à ne pas capituler tant qu’une chance de salut leur était offerte, tentèrent leur chance.
Plusieurs dizaines d’aviateurs, de tankistes, de tringlots, d’artilleurs, et d’autres encore issus de tous les services, ayant conservé quelques armes individuelles et collectives, longeaient les berges du fleuve depuis plusieurs jours déjà, à la recherche de moyens de franchissement.
La persévérance portant souvent ses fruits, ils avaient récupéré deux petites barges de pêcheurs à fond plat quand, sur le coup incrédules, ils découvrirent un bac soigneusement amarré avec les passeurs toujours à leur poste.
Par un des hasards de la guerre, ces derniers, de vieux réservistes oubliés depuis plusieurs jours par l’état major, ignoraient totalement la situation actuelle.
Inquiets cependant d’entendre la canonnade se rapprocher et, n’ayant plus personne à faire traverser, ils s’apprêtaient à passer eux même le fleuve et à saborder le bac.
La rencontre fut heureuse, une première, puis une deuxième traversée furent faites avec les 2/3 des rescapés, quand des éléments soviétiques inspectant la berge furent d’abord repoussés après s’être heurtés aux derniers soldats allemands en armes laissés en couverture.
Avec l’aide de chars légers, les Russes ré attaquèrent en force cette fois et vinrent à bout de cette dernière résistance.
Confiants dans leur aviation et leur D.C.A., les Soviétiques ne prirent pas de mesures significatives pour limiter leurs concentrations de troupes et de matériel sur la rive opposée des têtes de pont.
C’était oublier le raccourcissement des lignes de communications allemandes, avec leurs bases aériennes, désormais proches du front.
L’attaque fut menée par des Me 110, pilotés notamment par deux kommodors effectuant une dernière mission après 20 mois de service ininterrompus sur l’ « Ost front », et avant de rejoindre ensuite chacun de leur côté une école de la Lufwaffe pour y servir en qualité d’instructeurs.
L’attaque fut aussi rapide que violente, causant des pertes et désorganisant les préparatifs de franchissement de nouvelles vagues d’assaut soviétiques.
Le piétinement des russes dans leur tête de pont, leur lenteur à traverser le fleuve est un succès tactique local pour les Allemands, mais l’utilisation de tous leurs moyens disponibles à ces fins permettra sans doute aux Soviétiques de forcer la décision ailleurs.
La seule manière vraiment efficace de se sortir de cette situation pour les Allemands, avec cette étendue à défendre est :
- Dans un premier temps, laisser l’ennemi traverser le fleuve.
- S’assurer ensuite que c’est bien de l’attaque principale dont il s’agit, au regard des effectifs consentis.
- Le contre attaquer rapidement, avant qu’il ne soit en force avec son artillerie et son génie pour compartimenter le terrain.
- Engager pour cela tous les moyens blindés et motorisés disponibles, et s’assurer une bonne couverture aérienne du fait de la proximité des bases de la Luftwaffe.
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Mais le commandement soviétique n’a t-il pas déjà deviné tout cela ?
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